Publié le 4 février 2019–Mis à jour le 18 octobre 2021
Dans le cadre de sa réflexion sur les enjeux enjeux historiques, linguistiques, culturels, identitaires, artistiques et littéraires des dynamiques nord-sud dans différentes aires du monde anglophone, le projet transversal du CREA sur Les Nords s'accompagne à partir de l'année 2019 d'une série de séminaires.
Date(s)
du 1 février 2019 au 31 décembre 2019
Sauf indication contraire les séances ont lieu le mercredi de 17h à 19h.
Lieu(x)
Bâtiment Max Weber (W)
Mercredi 20 février 2019 - 17h-19h (Bâtiment W)
Fabrice Mourlon, Université Paris 13 Villetaneuse & Cornelius Crowley, Université Paris Nanterre Panel thématique : Brexit & frontière nord-irlandaise
Mercredi 17 avril 2019 - 17h-19h (Bâtiment W)
Claire Helie, Université Lille 3 Dialecte et minoration de la langue dans la poésie du Nord de l'Angleterre On utilisera la méthode de Terry Eagleton dans « Proletarian Literature » pour définir la poésie du Nord de l'Angleterre, en substituant à l'idée de « class struggle » celle de « north-south divide » : la poésie du Nord de l'Angleterre, c'est celle du poète qui connaît le Nord de l'intérieur mais a pris assez de recul pour problématiser l'opposition nord/sud et motiver le lien politique/esthétique. Or, dans l'imaginaire collectif, jusque dans les années 60, subsiste l'idée d'une incompossibilité de la poésie et du Nord dans le champ littéraire, à laquelle seule Wordsworth semble échapper (Frank Musgrove dans The North of England affirme : que « serious poetry begins south of the Tyne » pour ne citer qu'un exemple). Plus précisément, c'est la langue régionale du Nord qui est mise à l'index, et avec elle, toute la poésie dialectale. Or, à partir des années 60, et grâce à la publication de Briggflatts de Basil Bunting, le dialecte nordique obtient ses lettres de noblesse, et droit de cité en poésie. Rappelons, à la suite de Helen Jewell, que le Nord est une construction historique, à la suite de Jane Hodson, que le dialecte est une construction culturelle, et à la suite de Katie Wales, que l'anglais du Nord est une construction sociolinguistique. C'est donc en tant que construction poétique que nous analyserons l'utilisation de marqueurs dialectaux dans quelques poèmes de ces 50 dernières années. Nous montrerons que la présence de ces marqueurs lexicaux, grammaticaux, phonétiques, qui s'inscrivent sur la page par différents biais (changement sur l'axe paradigmatique, torsion de la graphie standard, jeux sur la rime, paratexte...) participe d'une « minoration linguistico-littéraire » pour reprendre le terme de Jean-Jacques Lecercle à partir de sa lecture de Deleuze et Guattari. Léa Boichard, Université Jean Moulin Lyon 3 Les enjeux littéraires, stylistiques et sociolinguistiques de l’écriture du dialecte nord dublinois : l’exemple de Roddy Doyle
Nous proposons d’étudier l’œuvre de Roddy Doyle à travers le prisme sociolinguistique de la fracture nord/sud qui s’applique à Dublin, le nord étant résolument plus populaire que le sud, avec les conséquences linguistiques que cela implique. Barrytown est le nom fictionnel de la banlieue nord de Dublin dans laquelle vit la famille Rabbitte autour de laquelle est centrée la Barrytown Trilogy qui a rendu l’auteur célèbre. Cette banlieue correspond à celle, bien réelle, de Kilbarrack, où Doyle est né, a grandi, vécu, puis enseigné pendant des années. Barrytown sert de toile de fond à la majeure partie de l’œuvre de Doyle. Stylistiquement, l’écriture doylienne est très fortement marquée par l’oralité et le dialecte, ce qui lui a valu d’être associé, avec d’autres auteurs, notamment Dermot Bolger, au mouvement du Northside Realism. La représentation écrite du dialecte, que l’on entend ici au sens des spécificités grammaticales, lexicales et phonétiques/phonologiques, est en soi problématique. En effet, elle est confrontée à des questions littéraires liées à la réception par le lectorat, mais elle implique également un positionnement idéologique vis-à-vis du standard linguistique. L’auteur se trouve ainsi en équilibre précaire sur un fil entre accessibilité de son style et réalisme sociolinguistique. Ce choix stylistique présente donc des enjeux, littéraires comme linguistiques, majeurs. Pour autant, les choix stylistiques de Doyle s’opposent à ceux faits par d’autres auteurs dialectaux des Îles Britanniques tels que Irvine Welsh ou James Kelman puisque son style est résolument plus accessible : est-il pour autant moins dialectal, moins engagé, moins authentique ? Ce sont autant de questions qui soulèvent des problématiques liées à la définition et à l’expression de l’identité nord dublinoise auxquelles nous tenterons d’apporter des réponses.